
Objectifs de la mission
Du 13 au 15 juin 2023, Jean-Victor CASTOR et Davy RIMANE sont au Guyana, à la rencontre des institutions politiques et des forces économiques guyaniennes. L’objectif des deux députés guyanais est de favoriser les échanges et relations de la Guyane avec ses voisins.
Le contexte
La Guyane doit être totalement intégrée dans son environnement régional amazonien et sud américain. La proximité géographique et culturelle des peuples du plateau des Guyanes n’est absolument pas encouragée par la France. En conséquence, sans attendre de l’Etat français, le développement d’une coopération régionale où la Guyane sera un véritable acteur et non plus un simple spectateur, le binôme guyanais rencontre et échange pour créer une dynamique vers un partenariat efficient.
La situation économique du Guyana
La République Coopérative du Guyana connait depuis quelques années un véritable bond économique du fait d’importants gisements d’hydrocarbures découverts en 2015. En 2022, son PIB réel a enregistré une croissance de 62,3 %, soit la plus élevée au monde. Évaluées à 11,5 milliards de barils équivalents de pétrole, le pays possèderait ainsi les deuxièmes plus grandes réserves par habitant au monde. Pour autant, le rapide développement économique n’est pas uniquement dépendant du pétrole en effet, le Guyana a récemment vendu 30% de ses crédits carbones pour $750 M dans le cadre de sa stratégie de développement à faible intensité de carbone, réelle feuille de route du pays.
Le développement économique du Guyana
Des échanges avec leurs interlocuteurs (Hon. Manzoor Nadir, Président du Parlement du Guyana, Hon. Robeson Benn Ministre de l’Intérieur, M. Kester Hutson, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Georgetown), nos députés retiennent:
- Que le bond économique n’est pas lié qu’au pétrole mais aussi aux importants gisements de gaz
- Qu’une croissance aussi rapide exige du gouvernement du Guyana la mise en place d’une véritable stratégie de redistribution des profits
- Que pour que les bénéfices profitent de façon pérenne au Guyana, l’Etat a dû rapidement organiser son offre de formation dans le but de maîtriser à terme l’ingénierie et les transformations
- Que la planification est primordiale, notamment en ce qui concerne l’équilibre environnemental à trouver.
- Que le développement généré par l’exploitation des hydrocarbures est un levier qui doit permettre la diversification de l’économie du pays.
Les leçons à tirer
Quelles leçons devons nous en tirer ? :
- Que la présence d’importants gisements d’hydrocarbures (exploitables et exploités) sur tout le plateau des Guyanes n’est pas un mythe!!!
- Que l’exploitation de ces hydrocarbures par de grandes entreprises françaises au Surinam, au Guyana, au Brésil… est un fait, mais que cette exploitation est volontairement et de manière hypocrite interdite en Guyane au nom de la sortie des énergies fossiles!
- Que l’Etat français assume donc de ne pas favoriser le développement de la Guyane par ce biais, mais n’en propose aucun autre!
- Que les crédits carbones vendus par le Guyana, servent bien au développement du Guyana! A contrario, les crédits carbones (issus) de la Guyane sont vendus par la France pour quels retours en Guyane????
- Que quand un pays décide par lui même et pour lui même, il peut tirer profit de toutes ses ressources, de toutes ses richesses, de manière intelligente et raisonnée, pour le bien de sa population.
La lutte contre les trafics
Avec le ministre de l’intérieur, les députés ont également évoqué la sécurité, les stratégies et les moyens utilisés pour la lutte contre plusieurs trafics que subit le Guyana, notamment les trafics humains, trafics d’armes et de drogue. Le Guyana dispose de scanners et de chiens pour repérer les potentielles mules et les résultats sont probants. Pour le ministre, le pays est lui aussi victime du trafic de drogue qui approvisionne l’Europe.
Les investissements sont selon lui conséquents dans la police et les forces armées pour lutter contre l’entrée illégale des armes sur le territoire qui sont aussi des conséquences de l’activité criminelle liée à la drogue. Les masses financières en jeu sont telles qu’elles engendrent de la corruption.
Sur l’immigration, le Guyana se montre ouvert car il y a un besoin en compétences et en main d’œuvre. Les filières clandestines sont très actives. Les mouvements migratoires sont très importants dans la région. L’appartenance au Caricom dont le siège est à Georgetown permet des politiques très avancées qui permettent de coordonner et de fluidifier les informations ainsi que les actions à l’aide de technologies de pointe.
Cette mission, riche d’enseignement est la première d’autres à venir vers les différents pays de notre environnement.